Membre de la vaste communauté de ce que nous pourrions appeler « les professionnels du management », je m’interroge manière la plus efficace pour aider mes interlocuteurs à prendre de la hauteur, s’ouvrir vers de nouvelles représentations, envisager d’autres processus de raisonnement…
Illustration www.agence.ucciani-dessins.com
J’ai testé de multiples approches… sans pour autant me satisfaire complètement des résultats obtenus.
Mon ambition étant particulièrement élevée, puisqu’il s’agit d’amener mes interlocuteurs à identifier qu’il n’existe pas de recette de cuisine, de référentiel étalon, d’approche miraculeuse et que la qualité première à développer était sa propre capacité à remettre en cause des acquis, son propre jugement, ses certitudes, les certitudes dans ses relations aux autres et aux systèmes…
Ceci dans un monde qui vous vend des vérités et des miracles toutes les 5 minutes et « pas cher » (sujet que je développerais prochainement dans un autre article. Dans l’attente, un excellent billet d’Olivier Zara dans le Monde : Entreprise 2.0: réalité ou pipeau?)
Alors, comment répondre à la demande suivante : « aidez-nous à manager dans la complexité »… si les attendus sont de l’ordre des certitudes, des outils, des méthodes gravées dans le marbre… qui n’existent pas sans changement de raisonnement, de comportement ?!
Je voudrais donc, par cet article et surtout vos commentaires, tester avec vous, lecteurs/contributeurs/expérimentateurs passionnés, un débat sur le thème des limites des représentations individuelles et collectives dans la complexité qui caractérise l’époque que nous vivons.
Rappel des règles du jeu :
- Tolérance sur les idées des autres (il est nécessaire de prendre connaissance les idées des autres et de les intégrer avant de s’exprimer. Ceci est d’une part la base de la relation.. écouter les autres, puis prendre la parole. C’est aussi un des fondements de la construction d’un espace temps d’intelligence collective),
- Bienveillance (sortons de nos jeux agressifs et défensifs pour progresser dans nos visions respectives),
- Engagement dans le débat (si c’est juste pour dire « Il pleut, c’est la crise, c’est la faute des autres », vous pouvez passer votre tour :D)
- Impertinence (et pourquoi pas ?)
- Expression claire et franche de ses idées (si le débat reste « mou », nous n’en tirerons qu’un bénéfice partiel)
- Oser ! (eh oui, ce n’est pas parce que j’ai rappelé les règles de bon sens, les bases de la relation, qu’il faut hésiter à contribuer ! Je suis convaincu que vous avez des idées très intéressantes à livrer !). Si cet article reste sans commentaires, je devrais alors reprendre ma copie !
Le monde que nous croyons connaitre n’existe déjà plus !
Ces mondes que nous vivons quotidiennement existent pourtant bel et bien. Chacun détenant sa respectable vérité et agissant au contact des choses et des autres avec ses croyances, convictions, ses pratiques…
Cependant, dans cette relation aux autres ; personnes, organisations et systèmes ; naissent de « Nouveaux Mondes hybrides ». Nouveaux Mondes hybrides dans lesquels nous évoluons plus ou moins aisément, selon le degré de partage du référentiel culturel avec l’autre, les autres et son agilité intellectuelle en environnement inconnu et mouvant… aussi de son état émotionnel.
Dans un monde stable, établi, fait d’unicité référentielle, prospère, réfléchir, agir ou tout simplement être avec les autres, sont des tâches aisées, ou tout du moins réalisées dans un contexte rassurant, favorable.
Dans un monde pluriculturel (mondialisation, mais aussi tout simplement privé/public, client/fournisseur, expert/expert…), sous l’effet conjugué de l’accélération de la diffusion et la création de connaissances, la multiplicité et l’imbrication des enjeux et des contraintes, la création volatile d’opportunités, l’appartenance simultanée à de multiples réseaux, communautés, groupes projets… n’est-il pas compréhensible que nos approches analytiques et cartésiennes, nos représentations des organisations, de leurs périmètres, que nos processus de réflexion ou que notre manière défensive/agressive d’être dans relations aux autres soient sources de trouble ?
N’est-il pas judicieux de charger un autre » logiciel » systémique qui fonctionnerait en articulation synergique avec notre logiciel mécaniste chargé au début du 20ème siècle dans nos inconscients collectifs ?
Le monde que nous croyons connaitre n’existe déjà plus… ce qui est important n’est plus tant ce que nous connaissons, ou croyons connaitre (bien que cela soit important, fasse partie de nous et que cela nous soit utile tous les jours), mais ce que nous serons capables de comprendre et de faire en relation avec les autres en situation à l’instant « t » et en projection à court, moyen et long terme dans les multiples systèmes dans lesquels nous vivons et auxquels nous contribuons… en interaction avec les autres systèmes de notre environnement.
Alors, si le monde bouge, les processus changent, les connaissances progressent, les organisations et leurs périmètres évoluent à une vitesse bien supérieure à celle dans laquelle nous avons grandis jusqu’alors, ne peut ont ne pas trouver une nouvelle forme de stabilité qui s’exprimerait en dehors de nos terrains de stabilité usuels (organisation, processus, connaissances et pratiques* notamment) ?
*) Ce qui fait de l’approche des « bonnes pratiques », un facteur de résistance au changement, voir un levier de non-performance en situation complexe et/ou mouvante !
Peut-être pourrions-nous travailler à définir des éléments de vision et créer des systèmes relationnels moins volatiles ? Des processus organisationnels dynamiques et régulés par d’autres processus de gouvernance ?
Et si nous envisagions les choses de manière plus dynamique que statique, cela ne nous apporterait-il pas une forme de stabilité ?
Le monde que nous croyons connaitre n’existe déjà plus… alors dans quel(s) monde(s pluriels) vivons nous et souhaitons vivre, construire ensemble ?