Affaire PSA… Opportunités heureuses ou petits arrangements entre amis ?

Et bien voilà, premier billet d’une (peut-être) longue série.

Prise de recul sur l’affaire PSA… Le collectif traite-t-il bien du bon problème ?

8000 emplois menacés, la fermeture de sites historiques… rien ne va plus au sein du groupe PSA…. blablabla et blablabla…

Les uns s’offusquent des pertes d’emplois et de l’impact social et les autres s’excusent au nom des logiques économiques de la mondialisation et brandissant le risque d’une catastrophe économique si des mesures « nécessaires » ne sont pas prises instamment.

Je partage le sentiment d’amertume des salariés de PSA mais aussi de tous les acteurs économiques, sociaux et politiques impactés directement ou indirectement par la désindustrialisation de bassins historiques et nécessaires à la vitalité des territoires concernés. De même, chef d’entreprise, je comprends les logiques d’action pouvant pousser des licenciements pour éviter la mort complète de l’outil social-économique.

Mais finalement, peu importe, car je ne souhaite pas m’exprimer sur ce niveau de raisonnement, car, sans pour autant développer une nouvelle théorie du complot, j’aimerais décaler le regard porté sur la situation au droit d’un étonnement qui m’est apparu dès les premiers jours de l’affaire PSA.

Mon propos…

Je suis interloqué que le débat entre les acteurs sociaux, voir le gouvernement et le groupe PSA s’inscrit parfaitement dans la dynamique de la stratégique qui semble avoir été élaborée par le groupe PSA autour de la problématique en référence…

Qui va siffler la fin de la récrée et ouvrir de nouvelles voies de raisonnement ?

Et bien moi, j’ose aujourd’hui provoquer le débat sur un autre registre de questionnement… ai-je raison, tord…? Ce qui m’intéresse c’est que de nouvelles questions soient posées et que la réflexion élargisse son champ, que de nouvelles perspectives concrètes naissent pour la vitalité et la qualité de vie dans les territoires.

Les faits tels que je les connais et perçois…

  • PSA en difficulté économique depuis quelques mois annonce des fermetures de postes massives.
  • Les acteurs du secteur aéronautique (EADS, Safran) et d’autres (SNCF…) volent au secours des salariés du groupe PSA en leur offrant des perspectives relativement massives d’emploi au sein de leur société

Mon étonnement…

En 2012, en temps de crise et malgré des fortes incitations à l’embauche, connaissez-vous des entreprises en capacité d’embaucher massivement des salariés par solidarité nationale sans avoir murement réfléchi leur besoin et développé une stratégie d’engagement issue de réflexions poussées mêlant croissance interne, recours à la sous-traitance, croissance offshore… ?

Moi pas…

Alors, permettez-moi de trouver fort de café ces propositions solidaires massives faites aux salariés déchus de l’automobile, secteur qui, depuis plus de 20ans, développe une logique d’optimisation poussée à l’extrême, broyant ainsi sa principale richesse concurrentielle… l’Humain dans toutes ses diversités et compétences en relation aux autres !

D’ailleurs, délocaliser massivement des familles semble être perçu par les acteurs en question comme une tâche aussi simple et aussi peu impactante que puisse l’être le déplacement de machines-outils ou la construction de nouveaux bâtiments…

L’homme vue comme une ressource au service de l’économie quoi ! De toute façons c’est pour leur bien, nous leur offrons un boulot !

Mon analyse…

La santé du secteur de l’aéronautique, bien que relative, est bien réelle. Il n’est donc pas absurde que des sociétés de ce secteur cherchent à s’entourer de nouveaux collaborateurs… qualifiés.

Chercher, n’est pas trouver… Trouver massivement de nouveaux collaborateurs qualifiés est une tâche quasi impossible dans le vivier de salariés en quête d’emplois. La professionnalisation de ces demandeurs d’emploi serait une noble tâche, mais demanderait un investissement colossal en argent et en temps alors que, dans les logiques courtermiste c’est tout de suite que les embauches sont pertinentes… pas dans 1 ou 2 ans.

Sauf à débaucher chez la concurrence (mais ce n’est pas simple lorsque celle-ci se situe principalement outre-Atlantique), il reste à « benchmarquer » et identifier des secteurs d’activités au sein desquels de telles compétences existent massivement.

Bon… je continue donc à dire les choses telles que je les pense…

Après des décennies d’artisanat, le secteur de l’aéronautique s’est mis à industrialiser ses pratiques sous la pression de la concurrence et de la recherche de performance en lien avec l’augmentation des carburants. Lorsque je parle d’artisanat, cela n’a rien de péjoratif. Je veux juste évoquer l’idée que, comparativement aux secteurs de l’automobile, de l’électroménager ou de la grande distribution, les méthodes, et en particulier de gestion, sont longtemps restées artisanales, les largesses financières et des cycles d’achats relativement longs et bien souvent une main d’œuvre aussi passionnée que qualifiée, permettant, malgré des méthodes perfectibles ou faiblement reproductives, d’obtenir une qualité finale relativement irréprochable.

Même si, passer de l’automobile à l’aéronautique nécessite une « petite mise à niveau référentielle », la manne que représente l’embauche massive de salariés qualifiés d’approches, de méthodes et de pratiques du secteur automobile serait une aubaine !

Ma représentation de la situation…

Je vous propose le questionnement suivant…

Serait-il absurde que les faits que nous observons (débauche massive de PSA/propositions d’embauches massives d’autres acteurs économiques) ne soient finalement que les fruits de réflexions stratégiques concertées depuis de longs mois entre « grands  acteurs économiques » au droit d’intérêts propres et convergents ?

Dans la mesure où la réponse serait « non, cela n’est pas absurde », il me semble que ça rend le sujet beaucoup plus systémique et change les rôles et responsabilités des différents acteurs  impliqués dans le système…

Les offreurs d’emplois seraient en fait des facilitateurs de débauche !

Le groupe PSA aurait-il joué une autre carte stratégique pour faire face a ses difficultés s’il n’avait pas trouvé (enfin, je n’affirme pas, j’émets juste l’hypothèse :D) en amont de l’annonce des solutions de reclassement ?

De même, les acteurs économiques en quête de main-d’œuvre qualifiée auraient-ils pu trouver d’autres solutions pour acquérir cette main-d’œuvre qualifiée tant recherchée ?

Quelle serait la nature du débat avec le gouvernement ?

Quelles autres solutions possibles permettant à la fois de préserver la santé du groupe PSA et de stimuler l’emploi ?

Voilà, de nouvelles questions sont donc posées… vous ne pouvez plus faire comme si vous ne saviez pas !

😉